La bio d'Agassi (2/5)
1989-1993 : star ou poussière d'étoile ?

Sa montée au sommet du tennis mondial est foudroyante. Agassi grille les étapes. Malheureusement, la suite sera plus compliquée. Le coup droit d'Agassi fait toujours fureur, mais l'effet de surprise s'atténue. Et, en même temps que les premières défaites apparaissent les premières critiques. On lui reproche de faire l'impasse sur l'impasse sur l'Australie et sur Wimbledon, de s'être acheté un jet privé, mais aussi certaines attitudes sur le court où se révèle l'une des faiblesses du jeu d'Agassi : un certain manque de tactique pour conduire ses matchs. Lorsque ça ne passe pas, le jeune André est capable de balancer un jeu ou un set complet. Et une certaine forme de peur le gagne dans les grand rendez-vous. En 1990, en finale de Roland Garros, bien qu'archi favori, Agassi laisse échapper la victoire face au vétéran Andres Gomez en quatre petits sets. Quelques mois plus tard, à Flushing Meadows, il passe complètement à côté de sa finale et le jeune Pete Sampras le domine largement (6/4 6/3 6/2).

En 1991, Roland Garros lui tend de nouveau les bras. Il atteint la finale. Mais cette fois, c'est Jim Courier (et la pluie !) qui ont raison d'Agassi en cinq sets. Une défaite marquante qui pose une question pressante : Agassi pourra-t-il jamais remporter un tournoi du Grand Chelem et dominer le tennis mondial comme son talent lui permettrait ? De sa génération dorée (Chang, Sampras, Courier), il est désormais le dernier à n'avoir pas remporté un Grand Chelem. Physiquement, Agassi semble un peu moins affûté, ce qui est dû -dit-on- à son penchant pour les hamburgers et les pizzas. Et l'on commence alors à s'interroger : Agassi n'est-il pas plutôt une star, une idole des jeunes, ou carrément un pur produit publicitaire plutôt qu'un joueur de tennis ? Ce que semble confirmer une campagne publicitaire qu'il effectue pour Canon dans laquelle il affirme "Image is everything" (l'image, c'est tout).

Pourtant, c'est dans cette période de doutes et d'incertitudes que survient la plus belle et la plus surprenante victoire d'Agassi. En 1992, il gagne là où personne ne l'attend : en Angleterre, à Wimbledon. Son parcours est exemplaire puisqu'il domine de grands joueurs de gazon comme Boris Becker, John McEnroe et, en finale, Goran Ivanisevic. Son jeu est étincelant et déroute ces grands attaquants. Retours plongeants, passing-shots, coups-réflexes, tout va très vite. Tout de blanc vêtu, Agassi retrouve son coup d'œil et sa vivacité. Il poursuivra l'année avec un titre à Toronto et une victoire en Coupe Davis.

Mais, Agassi ne pourra garder sa place au plus haut niveau du fait d'une tendinite chronique qui lui gâche sa saison 1993. Il ne dispute que treize tournois sur la totalité de la saison. Tenant du titre à Wimbledon, il tient à faire le déplacement jusqu'à Londres. Empâté, pas préparé, avec un geste de service raccourci, mais ultra motivé, il atteint les quart de finale et ne s'incline qu'en cinq manches face au futur vainqueur Pete Sampras !

Lâché par Nick Bollettieri, Agassi se fait opérer du poignet droit à la fin de l'année. Là, éloigné des courts pour la première fois de sa vie, il prend de la distance par rapport au tennis. Il prend conscience que si l'opération échoue il ne pourra plus jouer. Période difficile, mais essentielle, car c'est là qu'il comprend qu'il aime le tennis. Que s'il peut de nouveau jouer, il le fera pour lui et seulement pour lui. Le rêve insensé de son père de faire de lui un champion devient son projet à lui.

Agassi travaille très dur pour revenir. Lorsqu'il reprend la compétition en 1994, il n'est que trente-deuxième au classement ATP. Une nouvelle fois, ses détracteurs doutent de le voir revenir au plus haut niveau. C'est toutefois sans compter avec ce qui sera sans doute le tournant majeur de sa carrière, sa rencontre avec Brad Gilbert qui devient son entraîneur en mars 1994.

Finaliste à l'US Open en 1990 et à Roland Garros en 1990 et 1991,
Agassi remporte à la surprise générale son premier Grand Chelem à Wimbledon en 1992.

Suite...